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KOGAN IS A PHOTOGRAPHER AND GRADUATED IN GRAPHIC AND FINE ARTS. HIS EXPRESSION FORMS PART OF THE TREND TOWARDS TRANSFORMING ABSTRACT-INFLUENCED FIGURATIVE ART,RESULTING IN THE CONTEMPORARY ART.THE ARTIST REFUTES ANY SPECIFIC INFLUENCE,WORKING BY INSTINCT,DIRECTLY ON CANVAS,RELYING ON HIS SENSIBILITIES IN TERMS OF POETICS AND HUMOUR. ALL OF HIS WORKS REPRESENT AN ENVIRONMENT IN WICH HUMAN AND SPIRITUAL DIMENSION ARE PRESENT,AND SUCH DISPLAY THE ENIGMATIC AND EVER-CHANGING SIDE OF HUMAN NATURE. HE EVINCES AN INNOVATIVE COMBINATION OF COLOURS AND METAL,IN ADDITION TO INTERPLAY OF CANVAS AND PIGMENT,HIGHLIGTHING UNEXPECTED FORMS AND TEXTURES. THE ARTIST ACKNOWLEDGES NO DEBT TO THE CLASSIS ABSTRACT ART, TOUGH HE DOES INVITE THE ONLOOKER TO IMAGINE AND APPRECIATE PRESENT-DAY ART, IN THE TRANSLATION OF A GRAPHIC SEMIOLOGY AND A SYMBOLS FOREST, MUCH AS CONVENTIONAL ART COULD BE APPRECIATED IN THE PAST IN A RHETORIC OF THE IMAGE. Norbert de ROSNY.

Sunday 20 January 2019

EROTOMANIE


Que faire face à un érotomane?

                                       




Parfois confondue avec une obsession du sexe ou de l'amour, l'érotomanie est une maladie psychiatrique provoquant la conviction délirante d'être aimé. Un trouble parfois exacerbé par l'explosion des réseaux sociaux.


Depuis dix ans, Chloé subit les assauts d'un homme à qui elle a eu le malheur, adolescente, de sourire un soir d'été. Convaincu depuis que la jeune femme est éprise de lui, il ne recule devant rien pour l'approcher: outre les coups de fils incessants et lettres par centaines, il dort parfois dans sa voiture durant des semaines au pied de son travail. Un cauchemar pour Chloé, qui a "peur, en permanence", même lors des rares périodes où son amoureux transi est interné.  
L'homme à l'origine des tourments de Chloé est atteint d'une véritable maladie, appelée érotomanie. Un "trouble délirant persistant, provoquant la conviction d'être aimé", explique le psychiatre Laurent Karila. Une "psychose paranoïaque passionnelle, qui peut rapidement transformer l'existence de ceux qui en sont victimes en enfer". 

Rien à voir avec une tocade amoureuse

Souvent galvaudée et comparée à tort à un besoin de séduire un peu maladif, l'érotomanie n'a rien à voir avec une tocade amoureuse telle qu'on peut en connaître parfois. Rien à voir non plus avec les "accros au sexe", prévient Emmanuelle Lacroix, psychothérapeute spécialisée dans les addictions.  
"Les érotomanes cherchent l'amour et la reconnaissance, ils ne sont pas dans une quête boulimique de sexe. Cela peut éventuellement se rapprocher de ce que l'on peut traverser parfois à l'adolescence, lorsque l'on passe des heures à décrypter un mot ou une expression d'un être aimé. Seulement un vrai délire érotomane ne s'arrête pas, il s'intensifie même avec le temps".  
"L'obsession se fixe sans qu'il n'y ait aucune raison objective, ajoute Laurent Karila. Parfois, il peut s'agir d'un geste totalement anodin, un regard qui n'en est pas un, une branche de lunettes relevée d'une certaine façon ou un simple bonjour. Il faut bien que les victimes comprennent qu'il s'agit d'un délire qui n'a finalement pas grand chose à voir avec elles".

  L'espoir, le dépit et le passage à l'acte 
Le psychiatre identifie trois phases dans la maladie: "Il y a tout d'abord l'espoir. C'est le temps des déclarations, des lettres, des coups de téléphone. Une étape suivie du dépit, lorsque la personne est rejetée: tristesse, dépression... Puis survient le passage à l'acte: menaces, haine, harcèlement, voire violences". Une progression très bien décrite dans l'excellent film de Michel Spinosa, Anna M, où Isabelle Carré interprète une patiente persuadée que son médecin est amoureux d'elle. Douce et réservée, la jeune femme finit par basculer dans une terrifiante démence, allant jusqu'à se faire embaucher comme baby-sitter dans l'immeuble du médecin pour mieux l'approcher. 
Attention, tous les érotomanes ne deviennent pas dangereux ou ne se transforment pas en monstres comme l'héroïne d'Anna M, prévient Laurent Karila, "mais c'est du domaine du possible, d'où la nécessité absolue lorsqu'on en est la cible de ne pas subir en silence". "Il faut en parler, ne serait-ce que parce que c'est très lourd à porter. Et si la personne se fait trop pressante, si l'on ressent de la peur, ne pas hésiter à déposer une main courante, voire à porter plainte". 

Des victimes impuissantes 
"Un des psys de cet homme m'a prévenue un jour qu'il n'était pas exclu qu'il en vienne à me tuer", raconte Chloé, encore sous le choc. "Mais comme pour l'instant il n'est jamais allé plus loin que ses filatures ou ses campements en bas de chez moi, la justice ne peut pas grand chose, malgré les procédures engagées".  
C'est cette impuissance qui est selon Chloé le plus difficile à vivre dans cette histoire: "Il faut accepter que l'on ne peut rien faire, si ce n'est espérer qu'il aille mieux. Il faut aussi intégrer le fait que l'on n'y est pour rien, que l'on est même pas vraiment aimé par cette personne. Dans ses lettres, il m'appelle parfois par un autre prénom, tout en m'assurant que nous finirons par nous marier, avoir des enfants, parce qu'il sait que nous nous aimons". 
"Il y a des traitements, explique Laurent Karila: neuroleptiques, psychothérapie, hospitalisation lorsque le patient est en pleine décompensation." Difficile néanmoins de parler de guérison totale. Il se souvient ainsi de l'une de ses patientes avocates, "convaincue d'être aimée d'une personne célèbre". "Nous avons réussi à équilibrer le trouble, à force d'un suivi régulier. Mais quelques années plus tard, alors qu'elle avait retrouvé sa lucidité, je l'ai entendue me dire qu'il l'aimait encore peut-être..."  

Les réseaux sociaux, des boulevards pour les érotomanes 
S'il serait exagéré de voir des érotomanes partout, "c'est une pathologie relativement rare malgré tout", précise Laurent Karila, l'explosion des réseaux sociaux tend à exacerber le phénomène. Le psychiatre y consacre d'ailleurs un chapitre dans son ouvrage Accro!, publié chez Flammarion.  
"Ce ne sont pas Facebook, Twitter ou les blogs qui provoquent la maladie, mais ces supports sont autant de vecteurs d'expression supplémentaires pour les malades", explique-t-il. Facile en effet de contrôler les faits et gestes de quiconque inscrit sur les réseaux sociaux, sans compter l'immédiateté des SMS ou autres messages instantanés. Une raison supplémentaire de paramétrer ses comptes de manière à ne divulguer que le strict nécessaire sur sa vie privée...