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KOGAN IS A PHOTOGRAPHER AND GRADUATED IN GRAPHIC AND FINE ARTS. HIS EXPRESSION FORMS PART OF THE TREND TOWARDS TRANSFORMING ABSTRACT-INFLUENCED FIGURATIVE ART,RESULTING IN THE CONTEMPORARY ART.THE ARTIST REFUTES ANY SPECIFIC INFLUENCE,WORKING BY INSTINCT,DIRECTLY ON CANVAS,RELYING ON HIS SENSIBILITIES IN TERMS OF POETICS AND HUMOUR. ALL OF HIS WORKS REPRESENT AN ENVIRONMENT IN WICH HUMAN AND SPIRITUAL DIMENSION ARE PRESENT,AND SUCH DISPLAY THE ENIGMATIC AND EVER-CHANGING SIDE OF HUMAN NATURE. HE EVINCES AN INNOVATIVE COMBINATION OF COLOURS AND METAL,IN ADDITION TO INTERPLAY OF CANVAS AND PIGMENT,HIGHLIGTHING UNEXPECTED FORMS AND TEXTURES. THE ARTIST ACKNOWLEDGES NO DEBT TO THE CLASSIS ABSTRACT ART, TOUGH HE DOES INVITE THE ONLOOKER TO IMAGINE AND APPRECIATE PRESENT-DAY ART, IN THE TRANSLATION OF A GRAPHIC SEMIOLOGY AND A SYMBOLS FOREST, MUCH AS CONVENTIONAL ART COULD BE APPRECIATED IN THE PAST IN A RHETORIC OF THE IMAGE. Norbert de ROSNY.

Friday 2 June 2017

Et l'homme créa la star à son image














Et l'homme créa la star à son image








En ce tout début d'année, elles meurent presque mystérieusement les unes après les autres, et bien que leurs disparitions ne suscitent pas le même impact émotionnel -en fonction de leur carrière et de leur popularité- les réseaux sociaux ne manquent pas de relever,non sans leur sarcasme habituel, cette glorieuse hécatombe. 





Profitons donc de ce contexte quasi tragi-comique pour nous interroger sur le sens et la résonnance actuels de la star. 




Enterrement de Carrie FISHER 




                             "Film STAR WARS"                                  


Carrie FISHER

Qu'est-ce qu'une "star" dans nos sociétés animées par un consumérisme et un hédonisme outranciers? Peut-elle incarner une réelle vision du monde et de la société -comme ce fut le cas de certaines célébrités au cours des dernières décennies, devenues icônes culturelles-, ou est-elle réduite à n'être que le pur reflet de la médiocrité ambiante, et de notre goût prononcé pour la banalité?



Comme sa tradition l'exige, la star est censée être l'emblème d'un idéal moral et esthétique qu'elle véhiculerait à ceux qui en sont dépourvus -

Steeve MACQUEEN 
"BULLITT"

 ou que les turpitudes et autres trivialités de l'existence ne permettent pas d'atteindre. 







Gary COOPER




Marlon BRANDO
"Un tramway nommé désir"


Ça, c'est la star telle qu'elle pourrait exister dans un monde dénué de paradoxes et de chaos -c'est-à-dire pas le nôtre. Car depuis qu'elle s'inscrit dans la marche d'une histoire mondiale toujours plus ahurissante, la star a pris bien des coups sur son splendide maquillage, elle est peu à peu devenue figure moins plastique et plus touchante dont les failles constituent la principale aura.


               

                    
                  
                                               
Mickey ROURKE

Mais cette star-là, dont le contraste entre force et vulnérabilité nous ressemble, est en train de sombrer dans une navrante désuétude. 



La mort récente de David Bowie atteste précisément du fait que les stars capables de se faire écho lumineux à nos démons les plus sombres sont en train de s'éteindre les unes après les autres.


                                 David Bowie                                         

 Sans tomber dans le raisonnement réactionnaire qui consiste à  porter aux nues ce qui n'est plus et à critiquer acerbement l'état actuel des choses, faisons seulement un bref rappel rétrospectif. 


Jacques BREL
"Il était une fois" des personnalités atypiques qui, animées par une certaine exaltation, empoignaient leur talent pour communiquer une vision singulière du monde tel qu'elles le ressentaient.




Edith PIAFF

 Et sans citer de nom (car les goûts diffèrent bien que les critères soient clairs) on pense à ces chanteurs qui avaient l'audace d'incarner les ambiguïtés de la société en créant des univers décalés et en exprimant des propos engagés -si ce n'est politiquement, du moins poétiquement- à qui aujourd'hui font face des pantins désarticulés à la voix de robot, aussi lisses que leurs statues de cire chez Madame Tussauds et dont le seul talent consiste à se mitrailler de "selfies".
GRETA GARBO
 On pense à ces personnalités du 7e art pour qui le cinéma était une puissance de regard sur les choses, un absolu narratif susceptible d'ébranler ou de sublimer le monde -et non pas le moyen de mettre en scène des potes entre leurs frigidaires et leurs toilettes, dont les interrogations existentielles sont aussi profondes que le champ de vision de leurs smartphones.



Camping 2 
 le film

 On pense à ces sportifs dont le jeu sur le terrain avait la grâce de l'enfance et la virtuosité de l'artiste -et non pas les starlettes actuelles de la balle dont la puérilité et les incartades semblent fasciner l'opinion publique, à en juger le relais aberrant qu'en font les médias.



Or toutes ces personnalités (car, oui, la personnalité est le prérequis de l'aura, socle sur lequel s'érige la notoriété) qui ont accompagné les changements du monde, parfois même les ont provoqués, n'ont pas tout-à-fait disparu, loin s'en faut. 
Ce qui est certain en revanche c'est qu'elles sont aujourd'hui dangereusement éclipsées par des starlettes de pacotille qui parviennent à occuper plus d'espace en ne produisant pourtant rien d'autre que des scandales ras-les-pâquerettes et, accessoirement, le gaz carbonique de leur respiration. 



En effet, en termes de visibilité, on trouve au même niveau de starification que Tom Waits ou Meryl Streep, des Nabilla interchangeables dont la performance principale se résume à se limer les ongles ou, pire, de jeunes djihadistes animés par le même désir de gloriole, dont l'œuvre consiste à étaler une violence insoutenable.


 NABILLA
 Les transes oniriques et autres voyages initiatiques que promettaient les stars "d'antan" ont été remplacés par toutes sortes d'exploits techniques et shows acrobatiques des starlettes actuelles.




Kim KARDASHIAN
 Et les murs de nos villes et de nos aéroports sont désormais grimés de leurs sourires bioniques qui s'étalent pour vendre des cosmétiques, en affichant une arrogante invincibilité -quand elles sont à peine capables de résister à l'air du temps.


Et malgré leur absence totale de mystère et d'authenticité- deux facteurs qui ont longtemps constitué les atouts majeurs d'une star "authentique" -en émergent chaque jour de nouvelles, toutes plus vaines et jetables les unes que les autres. 

A les regarder, même de loin, on ne voit à travers elles rien d'autre que le pur produit d'un âge obsédé par les performances qu'il produit afin de dissimuler le vide abyssal qui s'est substitué à une quête - naïve certes mais exaltante - d'un idéal qui nous élève.




 Dans le cosmos en préfabriqué qui nous surplombe, les constellations sont des marques de luxe et les stars qui y reluisent ne révèlent de notre époque rien d'autre que son narcissisme inassouvi, l'épuisement de sa pensée et la déchéance de ses idéaux.



Pourtant, dans le parcours sinueux de nos existences, on ne peut pas contester qu'elles ont leur rôle à jouer, ces starlettes éphémères, et que si elles sont si omniprésentes, ce n'est pas totalement le fruit du hasard. 



En effet, dans un monde caractérisé par la perte de transcendance, la starlette est le mirage convaincant d'une éternité bon marché. Elle travaille d'arrache-pied à faire de sa simple présence physique une marque affolante de désir, incompatible avec les trivialités organiques qui sont les nôtres. 



En cela, au lieu de nous ressembler par sa finitude et ses fragilités, elle rend la mortalité presque has been. Mourir, vraiment, c'est pour les ploucs, les humains de seconde zone, ceux qui n'ont jamais rempli le Royal Albert Hall ni reçu de strings volants sur la tête, ceux dont les frasques ne feront jamais l'objet d'un blockbuster et dont les tracas intéressent à peine leurs psys - pourtant cher payés à les écouter. Et c'est cet apparent pied-de-nez à notre condition précaire de mortel qui lui procure cet air supérieur et qui, pour certains (mais visiblement beaucoup), la rend si facile à aduler.


Justin BIEBER

Malgré cette différence d'ordre quasi ontologique -mais en réalité purement commercial- qui distingue la star du mortel ordinaire, il existe bel et bien, entre elle et lui, une sorte de pacte silencieux. 



Johnny HALLIDAY



Sosie

Ce que le fan demande à "sa star", ce n'est pas seulement de le bercer de rêves extatiques ou de clichés mirobolants, c'est aussi et avant tout d'accomplir pour lui ce qu'il n'oserait pas même essayer de faire ou devenir. Il compte sur elle pour vivre à sa place, comme par le fait d'une procuration contractuelle, la partie sublime de l'existence, celle à laquelle il n'aura jamais accès -car jugée trop intense pour un individu "ordinaire".



D'une certaine manière, en demandant à la star d'être "authentique" à sa place, en projetant sur elle ses aspirations, il fabrique des stars à son image.
 Et il suffit de faire un tour sur les chaines YouTube ou les comptes twitter des stars internationales les plus populaires pour s'apercevoir que l'individu d'aujourd'hui n'a visiblement pas une image bien reluisante de sa propre personne...



Amy WINEHOUSE

 Et que là où il croit chercher l'éternité, il a de bonnes chances de trouver quelque chose de tout aussi étendu mais bien moins mystérieux:


 la vacuité.